24 Juin
........................................Ribadeo -
Lourenza |
|
Cette nuit j'ai monté la
tente à l'extèrieur près du refuge , je n'en peux plus de dormir dans
des espaces aussi confinés .
Nous quittons enfin la nationale sur laquelle nous marchions depuis
trois jours...ouf !!
Nous cheminons enfin (pour l'instant) sur un vrai chemin.
Ce matin je n'avais plus d'accouphènes , mais ils sont réapparus après
le repas .
|
Cette
première étape en Calice est vraiment très agréable .
Aujourd'hui , pour la première fois , deux espagnols essaiseront
d'engager la conversation .
|
|
A l'albergue de Lourenza , nous retrouvons les deux pélerins français
rencontrés il y a deux jours à La Caridad
et avec lesquels j'avais sympathisé .
Un peu embarassé pour me présenter la chose , ils se proposent de
participer financièrement à la poursuite de notre voyage .
Je suis fauché , je n'ai plus un rond ...et j'accepte.
L'un deux avec lequel j'aurai l'occasion de discuter longuement , lors
d'une prochaine rencontre , est en train de vivre une compléte remise en
question de lui-même.
Il s'interroge sur sa vie et sur les valeurs qui ont motivés ces choix
de vie ...le chemin de Compostelle est une métaphore du chemin qu'il
est entrain de faire en lui .
Je lui souhaite de trouver la paix , car j'ai perçu en lui un homme
sensible et sincère .
|
25 Juin
.........................................Lourenza -
Abadin (Gontan) |
A Lourenza , ce matin encore , c'est
nous qui fermerons les portes de l'albergue .
Peu après le départ je me perds , alors que Lison marche devant .
Finalement , le chemin que j'emprunte se trouve être un grand raccourci
, et je me retouve devant elle , sans qu'elle le sache .
Lison qui me croit derrière s'arrête pour m'attendre .
Ne me voyant pas venir elle se décide quand même à avancer.
|
|
|
Ce soir je me coucherai très tard .
Je reprends la conversation engagé hier avec un des pélerins français .
Nous
discuterons entre autres de la notion de hasard , nous parlerons
des synchronicités, et du pourquoi le hasard n'existe pas réellement
... ce
qui est vrai transcende le temps et l'espace , qui ne sont en fait que
les illusions .
Ce soir aussi , même rengaine , les fenêtres du dortoir sont fermées .
J'en ouvre une , mais les stores sont bloqués ... impossible d'avoir de
l'air.
|
26 Juin
.........................................Abadin -
Villalba |
Je ne vous dis pas qui ferme l'albergue ce matin !
Nous nous mettons en route , Lison marche devant .
Un kilomètre plus loin , nous aboutissons sur une route
nationale ... perdus !
Peu de temps après un autre pélerins arrive au même endroit .... perdu
lui aussi.
Lison et lui décide de poursuivre sur la route pour essayer de
retrouver le chemin plus loin .
.
|
|
|
Ce
scénario paresseux ne me plait pas , je prèfère rebrousser chemin pour
essayer de retrouver un sentier que nous avons forcément manqué .
Dans ce secteur le camino est très bien balisé, et nous avons surement
loupé une balise .
Je
reviens donc sur mes pas , et en effet , 500 métres plus loin je
retrouve la borne , parfaitement visible sur le bord de la route.
|
Je me demande comment il est possible que nous ne l'ayons pas vu .
En
arrivant à l'albergue le soir nous constaterons que tous les pélerins
partis ce matin là ce sont trompés de direction à cet endroit .
En tout dix personnes parties séparément , marchant seules ou à deux .
Nous
sommes cinq à avoir rebroussés chemins et à avoir pu constater que la
borne indicatrice était bien là , à la bonne place ...et parfaitement
visible .
Aujourd'hui il a plu toute la journée , et nous avons marchés dans la
boue et sur les chantiers de la nouvelle autoroute .
Nous avions prévus une étape plus longue...ce sera pour une autre fois.
Ce
soir , vraiment je suis mal . Sandra vient se
coucher près
de moi , c'est si agréable...et si douloureux à la fois...les émotions
arrivent , c'est une grande vague qui me submerge .
Tout me semble
fou...le monde est une immense folie , et dans ce monde fou, je me
sens le roi des fous . Et puis cette drôle d'impression d'être si fort
et si faible à la fois ....!
Il faut que je me lève et que je m'isole , car les eaux intérieures
débordent maintenant .
Plus tard je reviendrais me coucher , mais sans trouver le
sommeil .
J'ai perdu mes repères et mes ancrages et je suis comme la feuille
d'automne qui tourbillonne au grè des caprices du vent....
Si
je ne peux pas gérer les turbulances , alors il faut que je navigue
dans des endroits paisibles...fuir les tempêtes , mettre de la distance
entre moi et ce qui me trouble ....marcher , marcher , marcher....
|
27
Juin..........................................Vilalba
- Baamonde - Après Miraz |
Ce matin , je suis fatigué , mais je ne veux pas rester ici plus
longtemps , il faut que je parte .
J'abandonne
Lison qui dort encore , elle fermera les portes sans moi , car je veux
mettre de la distance entre moi et celle qui éveille en moi des
sensations qui provoquent en mon coeur une débacle émotionnelle , qui
pour
l'instant n'est pas gérable .
|
|
|
Arrivé à l'albergue de Baamonde , j'attends Lison.
J'aimerai bien marcher encore pour aller à l'albergue suivante.
D'habitude je prends une ou deux photos par jour , mais hier et
aujourd'hui je n'y ai pas pensé.
Cà fait trois heures que j'attends Lison...j'en ai marre de ces après
midi d'attente .
|
Je
prends la décision de continuer seul . Quand elle arrivera j'irai faire
quelques courses , puis je poursuivrai ma route ....direction Sobrado .
Après trois heures de marche , j'installe mon campement dans un prè
isolé et à l'abri des regards .
Je
suis à la fois bien et mal . Bien , parce je me sens tranquille ici ,
et mal parce que je ne voyais pas les choses évoluer de cette façon .
Je me demande comment je vais pouvoir gérer mes émotions par la suite ,
sincérement je suis dépassé....la solitude est immense , comme un
goufre sans fond à l'intérieur de moi !
|
28
Juin..........................................Après
Miraz - Sobrado - Arzua |
Je pars de bonne heure ce matin et je marche jusqu'à Arzua .
Je ne compte plus les kilomètres , çà me fait du bien de marcher et de
faire des étapes de 40 ou 50 kilomètres.
A Arzua , par aquis de conscience je vais visiter l'albergue communale
, qui se trouve être déjà au complet .
J'y retrouve une pélerine Tchèque , championne de natation , avec
laquelle j'ai
|
|
|
eu l'occasion de discuter un peu , auparavant, puis je me
mets en quête d'autre chose .
Je rencontre en chemin une dame espagnole qui vit en france et qui ne
revient en Espagne que pour les vacances.
Nous bavardons un peu et je lui explique ma situation , et sur ce
intervient un autre espagnol habitant Arzua .
Pour ce que j'en comprends il me propose un hébergement , et se propose
de me conduire.
Dans
ma naiveté , je crois qu'il m'emmène chez lui , et qu'il me propose
l'hospitalité ... me disant qu'au moins celui ci me ferait mentir quand
je disais que le sens de l'accueil spontané et généreux n'était pas
très développé en Espagne .
Et c'est comme çà que je me retrouve dans une albergue privée .
|
A Arzua , le
Camino del norte et le Camino frances se rejoignent et le chemin
devient une source de profit encore plus alléchante.
Ici je ne dormirais même pas bien .
Un groupe de pélerins s'attarde à discuter en parlant fort et en
s'exclaffant toutes les dix secondes.
Demain j'essaie d'aller jusqu'a Santiago !
|
|
29
Juin.........................................Arzua
- Santiago |
|
J'ai quand même fini par dormir un peu .
Au petit matin je pars au chant des oiseaux.
Je reste sur la route principale . Je rumine des idées noires , j'ai
hâte d'arriver .
Ce chemin n'en finit pas , à chaque côte j'espère voir enfin dans le
lointain la ville de Santiago .
Un fois , dix fois , vingt fois mes espoirs sont déçus .
Aucune journée ne m'avait encore semblé aussi longue .
|
Quand j'arrive enfin à Santiago , je perds le fléchage , histoire de
faire un ou deux kilomètres de plus .
J'atterris par hasard au monastère des pères Machin qui fait albergue
pour pélerins .
Je
me dis que j'y reviendrais dormir, car , pauvre de moi , infatiguable
rêveur , je m'imagine que c'est une albergue "donativo".
Ainsi je me rends à la cathédrale pour faire quelques photos , puis je
reviens à
|
|
|
l'albergue, pour y apprendre que le prix est de 20 euros la nuit ....là
je dis non !
Je préfère dormir dehors , même sur un banc .
Pas très loin , il y a un grand parc , j'attends un peu , puis
finalement je m'allonge et je m'endors .
Quand
je me réveille et que j'ouvre les yeux , il y a , debout devant moi,
une belle jeune fille qui me regarde sans bouger , on se regarde un
moment , puis elle me fait un
|
grand
sourire et s'en va sans rien dire . Je reste interloquer , d'autant
plus que j'ai vécu la même chose il y a deux jours .
Sincérement
, je me demande ce que des jeunes filles de 20 ans peuvent trouver
d'attendrissant à contempler un vieux singe comme moi entrain de
dormir...pourvu que je ne leur fasse pas penser à leurs grand-pères
!... Enfin tout de même, on n'embrasse pas son grand-père sur la bouche
!
J'ai repèré dans le parc un endroit plat à l'abri des regards ... celà
fera un bon emplacement pour monter la tente .
Quand j'ai fini , je vois arriver un jeune homme et une jeune fille ,
portant des cartons .
Je
les regarde aménager une petite cabane , et j'en déduis qu'ils se
construisent un petit nid d'amour...je trouve celà attendrissant .
Mais
, pauvre vieux, toujours entrain d'idéaliser...nos deux jeunes, que
je croyais être des tourtereaux , sont simplement venus s'installer ici
, dans cet endroit discret , pour sniffer je ne sais quelle cochonnerie
....le plaisir et le joie est là à portée de leurs mains , gratuit et
source de vie , et ils prèférent s'envoyer en l'air avec une salopperie
qui leurs coutent une fortune et qui les détruit à coup sur .
Quand
au bonheur que celà leur procurera , il est très relatif , car je les
vois peu de temps après se disputer , s'injurier, et même se bousculer.
Pauvre monde !!
.
|
30
Juin.........................................Santiago
- Fisterra |
|
Ce matin je prends le bus pour rejoindre Fisterra .
J'aurai
pû m'y rendre à pieds , mais quelque chose me dit qu'il me faut faire
une "cassure" entre le trajet Veslud - Compostelle et Fisterra .
A Fisterra j'ai l'intention d'épandre dans la mer une partie des
cendres de Michèle que je transporte avec moi depuis Captieux.
C'est autre chose , un autre rythme!
|
Le
voyage en bus nous prendra quand même trois heures , c'est une sorte de
pause , comme un tiret ...il y a le voyage à pieds , puis il y a "çà"!
Quand
nous serons arrivé à Fisterra les choses vont aller très vite , et se
faire tout naturellement comme si tout était orchestré d'avance...je le
sens et je me laisse porter par les circonstances .
A l'arrivée je rencontre une jeune femme qui comme moi cherche une
albergue pas trop chère .
Sa compagne étant fatiguée , elle accepte volontier de m'accompagner
seule au cap finistère .
En chemin nous discutons un peu , de chose spirituelle....de la vie et
de la mort .
|
|
|
Je pense que je peux lui expliquer ce que je suis venu faire
ici , et mieux, lui demander son aide .
Elle
accepte de prendre les photos et surtout de descendre avec moi la
falaise rocheuse...ce qui n'est pas sans risques , mais je sens qu'elle
me fait confiance et que je peux compter sur elle ...malgré un grand
serpent qui se faufilera entre ses pieds dès les premiers pas .
|
Tu aimais nager dans la mer et les vagues...c'était ta façon d'honorer
la vie
... tu y vis désormais !
|
|
Aujourd'hui
, je me sens plus calme , la tension
est redescendue , j'ai accompli ce pour quoi j'étais venu , même si
celà n'a pas été facile .
Je
formule le voeux que le dernier
souhait de Michèle , et ce pourquoi peut être elle est partie , soit
exhaucé ....
Demain je retourne à Santiago , ou j'espère retrouver Lison .
.
|
|
|
menu_compostelle
|