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   19 Compostelle page 20    

     20 avril (Mardi)..........................avant Nogaro - après Aire sur Adour
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     Ma carte indique un traçé ancien , ou je dois pouvoir éviter Aire sur Adour . Mais à ma stupéfaction , j'atterris en plein centre ville .
    Je dois donc continuer à progresser pour dépasser la ville et sa banlieue , pour trouver un endroit tranquille .... bilan une dizaine de kilométres de plus au programme!
  

    Quelques kilomètres après Aire sur Adour , il y a un lac artificiel . Ici il y en a partout , des petits  creusés par les particuliers , et des grands creusés à l'initiative de la région .... il faut de l'eau pour le maïs . Je trouve celà incroyable , quand on sait comme moi que certains maïs sont parmi les plantes qui résistent le mieux à la sécheresse . Chez moi le maïs est la dernière plante à souffrir du manque d'eau , et pourtant je cultive sur du sable (40 cm de terre arable sur 4 m de sable à lapin).
    C'est entendu , je passerais la nuit au bord du lac . Je dresse la tente sur un endroit aménagé pour l'observation des oiseaux ... ce n'est pas grand , j'ai juste assez de place .
    Après une petite toilette à la nuit tombante dans l'eau glacée , je prends une petite collation. Je vais lire un peu .... puis dodo .
     Au moment ou j'écris ces lignes il est 22 h , il fait nuit .... j'ai parcouru 40 km , mon podométre indique 790 km
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     21 Avril (Mercredi) .........après Aire sur Adour - Arzacq
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           Photo du dessus : Les montagnes des pyrénées qui barrent l'horizon (plus beau en vrai que sur la photo).
     
     Je me mets en route vers 8 h30 et je rencontre aussitôt mon premier marcheur .... un médecin de 78 ans . Sans rire , il tient la route ! Nous discutons un moment tout en marchant , c'est un homme très ouvert ... ce qui est à mon avis très rare dans une profession ou la tête est souvent  tellement remplit de savoir et de certitude (parfois de mépris) , qu'il n'y reste généralement plus guère de place pour le doute et la réflexion .
     Quoi qu'il en soit je passerai un agréablement moment en sa compagnie . Je note que lui aussi marche en sandales ... mais avec des chaussettes .

        Ce soir je dormirais à Azacq , ou des pélerins un peu plus à l'aise que moi , m'offre le gîte et le restaurant .... pourquoi pas , c'est çà aussi le "chemin" ! 
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     22 Avril (Jeudi) ......................................Arzacq - un peu après Orthez de Béarn
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    Finalement je dormirais  dehors sur la terrasse , et même là j'aurais trop chaud .... le béton est gorgé de chaleur.


Photo de gauche : Gîte d'étape 4 étoiles
   
    Ce matin je pars avec Jean-Claude ... un pharmacien . Après un divorce difficile il va se (faire) remarier et est en train d'acheter une autre pharmacie pour sa future , c'est que c'est un  bon parti le Jean-Claude .
   Alors le portable sonne sans arrêt : une fois c'est la dulcinée qui veut savoir si elle peut louer le "chateau Untel" pour le banquet , une autre fois c'est le banquier qui veut savoir s'il peut débloquer des fonds ....etc, etc . Mon pauvre Jean-Claude , tu me fais l'impression d'une araignée qui en s'agitant dans tous les sens , finit par s'entortiller dans sa propre toile .
     Nous discutons en chemin . Ce soir il s'arrête à Orthez ou Claude nous rejoint à vélo . Claude est un pélerin que je rencontre depuis plusieurs jours . Il est allé consulté un médecin pour une hernie linguale et a acheté un plastron , afin de pouvoir continuer à marcher .
     Moi je continue seul . Un peu plus loin je découvrirais le magnifique "gîte" que l'on voit sur la photo ci dessus  , et comme il pleut je fais le choix de m'arrêter là .
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     23 Avril (Vendredi)...........un peu après Orthez - Navarenx

    Je dormirais près de la cabane de tôles .  Il pleut toute la nuit .
    Il pleut et bruine toute la journée . Peu après mon départ je retrouve mon pharmacien ... bavardage !
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Le soir à Navarenx je monte la tente  dans un parc près du gave d'Oloron . J'en profite pour faire une toilette et refaire le plein d'eau avec mon appareil de filtration .
    Une fois que je me suis installé et que je m'apprête à dormir , voilà qu'un Kéké arrive avec son bolide customisé ... et sa radio à fond ... boum , boum , boum ... Il s'installe à 10 m de la tente ... il n'y a pas de place ailleurs !!! Saperlipopette , grrrrr !
     
     24 Avril (Samedi) ..............................Navarenx - un peu avant Ostabat
     Ce matin je me mets en route de bonne heure . Je fais une petite halte vers 11 h , 14 km plus loin  , et un peu de bavardage .
     Progressivement les nuages se dissipent et le temps s'améliore  .
     Je tente d'atteindre Ostabat pour acheter des fruits , mais en chemin je trouve un emplacement intéressant un peu avant ... je tombe le sac et resterais là ce soir !
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      J'ai fait 37 km dans la journée , çà suffit . De plus voilà que j'ai de nouveau des cloques ... une petite hier et une grosse aujourd'hui .
     Je ne peux plus envoyer de SMS , ni savoir l'heure , car je n'ai plus de portable , les batteries sont déchargées. Pourtant il fait soleil , mais chaque fois que je fais une pause et que je sors le capteur , arrive un gros nuage ...bon , celà n'est pas bien grave !
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     25 Avril (Dimanche) ..... un peu avant Ostabat - un peu après St Jean pied de port
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     Encore une nuit empoisonnée par les aboiements incessant des clébards , c'est vraiment incroyable ces chiens gueulent toute la nuit sans que personne n'intervienne pour les faire taire .
     J'atteinds St Jean Pied de Port. Il faut que je fasse des provisions et surtout que je trouve de l'alcool pour mon réchaud , avant de prendre le GR10 .

Photo de gauche : image typique du pays basque .
   
     Mais aujourd'hui c'est dimanche et tous les commerces sont fermés . Une buraliste chez laquelle j'achéte des allumettes me propose un peu d'alcool de sa réserve personnelle qu'elle va chercher dans sa cuisine .... cool .
     Je n'ai toujours pas pu recharger le portable pourtant il fait beau temps , mais les nuages continuent de se moquer de moi en cachant le soleil à chacune de mes poses .
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      Maintenant je quitte le chemin de Compostelle pour emprunter le GR10 . Je ne suis pas complétement satisfait de ce chemin , les paysages sont pourtant beaux et les habitants plutôt sympathiques dans l'ensemble , mais l'esprit pélerin est vraiment perverti par l'argent . Partout des écriteaux fait de bric et de broc , posés dans la nature , cloués sur des arbres tentent d'attirer le pélerins et son argent . Beaucoup de ces pélerins n'imagine pas une journée sans douche , sans un bon lit , et sans un bon restaurant . La mode est à faire porter ses bagages , et j'en ai vu plus d'un finir l'étape en taxi . Ce sont des journées à 40 , 80 , 100 euros voir plus .
     Je me suis fixé un budget journalier de 10 euros , et je pense que je m'y suis tenu .
     Côté rencontre c'est assez mitigé . Je retiendrai une rencontre chargée d'émotions avec une jeune femme au Puy en Velay , dont je ne connais même pas l'identité . Je garderai dans ma mémoire le souvenir de jeunes gens de 20 ans , qui faisaient le chemin en tentant (et réussissant) à échapper à la dictature de l'argent .A l'autre extrémité je noublierai pas ce médecin de 78 ans qui marchait gaillardement en sandales et chaussettes sur le chemin ... je me souhaite d'être capable d'en faire autant au même âge .

     J'ai aimé la voie de Laon ,Vezelay , Captieux pour ses belles rencontres et ses accueils spontanés chez l'habitants ou dans des gîtes improvisés ... c'est l'avantage d'une voie qui est relativement peu emprunté.
     J'ai aimé le Camino del norte pour la richesse des rencontres entre pélerins et ses moments de grace inoubliables , et aussi pour quelques très belles plages .
     J'ai aimé la voie du Puy en Velay pour ses paysages , et aussi pour quelquechose qui est peut être stupidement masculin , mais qui nous fait croire qu'à 60 ans on tient encore la route .... marcher parfois 40 km avec un sac de 25 kg . Je sais le côté ridicule de tout celà , mais n'est il pas encore plus ridicule de nier sa véritable nature pour paraitre sage .... il y a un monde entre le renoncement et le dépassement .
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     26 Avril (Lundi) ......un peu après St Jean pied de port - St Etienne de Baïgori
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      Une montagne se dresse devant moi ... je m'imagine que le GR10 la contourne . Je grimpe , je grimpe et regrimpe , mais non il va droit vers le sommet .
     Je tourne en rond  , je tente de marcher à la boussole et je me plante lamentablement . Des ouvriers qui travaillent sur la montagne me remettent sur la voie .
    La montagne est très belle , je suis au dessus des brumes matinales .
     Dans la montagne divaguent des troupeaux de moutons , de chêvres et de chevaux . On y voit aussi de nombreux vautours .
     Je remarque qu'ici il n'y a pas beaucoup d'eau , et chaque fois qu'il y a une source , des aménagements sont fait pour la recueillir , la canaliser ou la stocker .
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     Après avoir marché plus de 25 km d'un chemin difficile , je m'aperçois que j'ai simplement fait le tour de la montagne , non sans y être monté au sommet .... et je me retrouve à environ 6 kilométres de mon point de départ , St Jean pied de port . Cette fois j'ai les jambes coupées . J'ai rencontré un petit groupe de randonneurs qui faisait le GR10 . Ils sont partis de Hendaye il y a une semaine . Je pensais faire ce trajet en deux jours , je dois y renoncer . Le GR10 n'est pas vraiment un chemin utilisable pour joindre la voie du Puy au Camino del norte , c'est un chemin de découverte qui ne peut pas s'intégrer dans la démarche pélerine ... donc , pour moi le voyage s'arrête ici , je rentre à la maison .... podomètre 950 km .

     A St Etienne de Baïgori je fais des courses au super marché . J'en profite pour prendre un bout de carton et acheter un gros feutre . Sur le carton j'inscris le nom d'un village ou il y a une navette de bus qui transporte gratuitement les voyageurs à Bayonne (ici il n'y a plus de train) .
     Je me poste à un carrefour avec mon écriteau bien en vue , et deux minutes plus tard je suis dans une voiture qui me conduit à la gare de St Martin d'Arrossa . Quand j'arrive à St Martin , il n'y a rien , aucun tableau d'horaires , mais dans la minute qui suit arrive une personne qui vient prendre le car ... il n'y a qu'une navette par jour et 5 minutes après celle ci fait son apparition . A Bayonne je prendrais le TGV pour Paris , puis un train régionnal pour rentrer à la maison .... d'ou je vous salue tous aujourd'hui .


En écho à certains de mes commentaires sur la voie du Puy en Velay , voici un courriel que m'a fait parvenir Patrick Krochmalnik  .
En lisant des questions sur un forum dont le sujet est compostelle, une réponse m' a intrigué car elle parlait de votre site et le recommandait, ma curiosité exacerbée je n' ai pu m' empêcher d' aller visiter votre site. Je tiens particulièrement à vous féliciter, la narration de votre épopée est merveilleuse de vérité et de sincérité, la justesse de vos appréciations m' a replongé dans mon voyage personnel. Les similitudes sont tellement nombreuses que vous m' avez fait revivre cette expérience magnifique, comme vous j' ai supporté des semaines de pluie, ma traversée de la France en partant du Puy ne fut qu' une succession de jours sans soleil, ce fut donc la pluie mais aussi la neige dans la traversée de l' Aubrac puis encore la pluie, vous savez celle qui mouille en profondeur et dont on ne se sépare jamais et encore ces orages terribles dont les gouttes sont comme des couteaux et qui vous cinglent la peau et puis de nouveau la pluie toute fine qui ne donne pas l' impression de mouiller mais qui vous rend moite et humide sous le poncho enfin bref des conditions à ne mettre personne sauf le pèlerin. Comme vous , moi aussi j' ai du changé de chaussures en route et sans vous parler de la galère pour trouver un commerce de chaussure, c' était à croire que les habitants des contrées visitées étaient les seuls à ne pas marcher. Autre grand moment, les rapports humains, notre confrontation aux autochtones est bizarre, ils nous attendent au coin du bois pour nous exploiter et pourtant ils ne viennent au secours de personne, seul notre porte monnaie les intéresse et dieu sait que pour pas grand chose les coûts sont souvent prohibitifs et comme vous j' ai vu un nombre de personnes affligées d' un problème de cou car dès que l' on s' approche d' eux leur tête part dans l' autre sens. Ma déception des rencontres avec les gens du cru n' est pas qu' une illusion parce que souvent mon compagnon de route du jour ou moi étions prêts à engager la conversation pour parler de tout et de rien mais notre langage ou bien notre démarche n' étaient peut être pas compris. Heureusement il y a quand même beaucoup de satisfaction et en premier celle d' avoir réalisé un rêve pour moi mais aussi toute ces rencontres avec des pèlerins du monde entier qui ne se posent pas de questions  eux. Ma traversée de la France m' a quand même laissé des souvenirs merveilleux, ces paysages sublimes malgré le mauvais temps, ce travail réalisé par les agriculteurs pour entretenir la terre et tous ces villages que jamais au grand jamais de ma vie je n' aurais envisagé de visiter, ah si tous le monde voyait les richesses de cette France profonde tant dénigrée et galvaudée par nos édiles que la compréhension de la province et des provinciaux en serait enrichie.
En tous les cas je vous doit un grand merci, merci car cette route ne se finit pas le jour où on l' a faite, elle est depuis mon voyage présente tous les jours à mon esprit mais vous lui avez redonner un pan d' humanité et d' amour et cela est plus fort que toutes les épreuves que l' on subit de notre vie;
Amitiés compostellanes
Patrick

     Vous pouvez retrouver Patrick sur site : http://compostelle06.free.fr/

     
Pour ma part j'ai quand même fait de belles rencontres et croisé des gens avenants et sympathiques (excepté dans la haute ardéche) . Mais comme Patrick je déplore l'esprit mercantile qui s'empare insidieusement du chemin . Qu'il y ai un chemin pour les "riches" avec toutes les infrastructures nécessaire à leur confort ne me dérange pas le moins du monde, mais on sent bien que peu à peu l'espace de liberté s'amenuise pour les autres façons de cheminer.
J'ai constaté souvent (par exemple) que l'on pouvait marcher des journées entières , sans trouver le moindre endroit pour s'asseoir . Oh , je ne parle pas d'aire de pique-nique , ni même de banc , non il n'y a rien , pas un tronc d'arbre , pas un poteau de ciment , pas une pierre , rien . Les seules fois ou l'on trouve un banc , c'est qu'il a été posé là à l'initiative d'un particulier compatissant ....curieux n'est ce pas , comme si le seul endroit ou un pélerin et son porte-monnaie devait pouvoir se poser , c'était à la terrasse d'un cafè .
Certains vous diront que l'on peut très bien se poser par terre , mais généralement ceux qui vous disent celà , sont les mêmes que ceux qui recherchent le confort d'un gîte le soir . Ceux qui comme moi voyage "bon-marché" savent très bien que l'on ne trouve pas si facilement l'occasion de faire une lessive et une toilette , et évitent par conséquent de se salir .... ce sont eux qui sont le plus frustrés de ne pas trouver de quoi se poser proprement le temps d'une pause et d'un pique-nique .

A
micalement,
Francis

      



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